Fondation d'entreprise
 
 
André Letowski
Indicateurs 
18 mar 2024

Une légère amélioration pour les TPE-PME au 1er trimestre 2024

La trésorerie et les conditions de financement des TPE et PME se détendent en ce début d'année.

La trésorerie

♦ Tous les indicateurs sur la situation de trésorerie des PME / TPE sont en très légère amélioration. Ils restent certes supérieurs à leur niveau d’il y a un an, marqué par la crise énergétique, mais s’établissent à un niveau toujours sensiblement inférieur à leurs moyennes historiques.

♦ Après 3 trimestres consécutifs de hausse, les délais de paiement des clients se sont réduits ce trimestre, plus fortement que ceux relatifs aux fournisseurs, permettant une amélioration du solde commercial subi par les PME / TPE.

♦ 65 % ont eu recours au crédit pour financer leur exploitation courante, une proportion en hausse de 3 points depuis octobre dernier mais toujours nettement inférieure à sa moyenne d’avant pandémie (73 % sur la période T1 2017 – T4 2019). Parmi elles, 21 % déclarent avoir rencontré des difficultés d’accès au financement courant, à un niveau proche de la moyenne d’avant pandémie observée pour cet indicateur (20 %).

L’investissement

51 % des dirigeants ont investi ou comptent investir en 2024, une proportion en nette baisse sur un an (56 % prévoyaient des investissements pour 2023 il y a un an).

♦ Le renouvellement et/ou la modernisation d’équipements et installations demeurent les principales destinations des dépenses d’investissements (74 et 67 % des citations). La part dévolue au renouvellement d’équipements usagés ou obsolètes diminue légèrement au profit de la part de la modernisation des équipements et installations.

Le motif environnemental (qui inclut l’objectif d’économie d’énergie) continue de progresser (47 %. vs 43 en octobre dernier, 34 début 2022 et 25 en moyenne de 2017 à 2019).
Viennent ensuite l’extension de la capacité de production (34 %) et l’introduction de nouveaux produits/services (33 %), la mise aux normes (27 %) et l’investissement pour une nouvelle implantation (20 %).

♦ 74 % des dirigeants ayant l’intention d’investir en 2024 ou l’ayant fait auraient recours au crédit pour financer leurs investissements, une proportion en hausse légère hausse, mais nettement inférieure à sa moyenne pré-Covid (82 %). Parmi eux, 18 % signalent des difficultés pour financer leurs investissements par les établissements de crédit, une proportion en légère baisse ce trimestre, se rapprochant de la moyenne pré-Covid (16 %).

Quels sont selon vous les principaux freins à la bonne marche de l’entreprise et à son développement ?

  • Les difficultés de recrutement, 1er frein cité (47 %), sont nettement moins citées qu’en octobre dernier (−6 points) et sont bien moins prégnantes qu’avant crise sanitaire (55 % en 2019).
  • Les inquiétudes relatives à la demande (actuelle ou future) progressent à nouveau, concernant 45 % des dirigeants, en nette hausse. 30 % signalent la concurrence et 18 % le manque de débouchés.
  • Les coûts et prix trop élevés sont un frein un peu moins important ce trimestre (32 % et −9 points sur un an). Les tensions sur les approvisionnements (prix, délais de livraison, etc.) s’atténuent.
  • 14 % citent la règlementation spécifique à leur activité,
  • 15 % font état de fonds propres insuffisants.

Par ailleurs 52 % font encore part de difficultés d’approvisionnement, quoiqu’en recul de 7 points. Si 25 % jugent que ces difficultés affectent fortement ou modérément leur activité diminuent (−5 points), 23 % considèrent qu’elles se sont intensifiées ces 3 derniers mois (hausse de 5 points par rapport à octobre dernier et de 9 points par rapport à septembre), possiblement en lien avec le regain de tensions en mer Rouge perturbant le trafic maritime. 57 % considèrent qu’elles sont restées inchangées (−5 points). La part des dirigeants qui indiquent que ces difficultés se seront résorbées d’ici un an concerne 37 % (+7 points après −6 points).

Prix, salaires et marge

♦ 36 % des dirigeants prévoient d’augmenter leurs prix de vente en 2024, soit nettement moins qu’en 2023 (50 %). 55 % prévoient de maintenir leurs prix inchangés (+14 points) et 9 % de les baisser (stable). Ceux qui prévoient ces hausses sont davantage ceux qui font part de difficultés d’approvisionnement (42 % contre 30 % de ceux qui n’en rencontrent pas), et ceux qui prévoient d’augmenter les salaires (42 %).
Seuls 8 % prévoient pour 2024 une hausse de leurs prix de vente supérieure à 5 % (ils étaient 20 % en 2023). 55 % déclarent toutefois qu’elle sera supérieure à 2023 (55 % en 2023 par rapport à 2022) et 26 % pensent qu’elle sera inférieure.

♦ 64 % des dirigeants prévoient d’augmenter les salaires, une proportion en baisse par rapport à 2023 (72 %). 29 % prévoient des augmentations salariales pour 2024 supérieures à 3 % (48 % en 2023). Seuls 18 % anticipent une hausse supérieure à celle de 2023.

Les hausses de salaires anticipées en 2024 dépasseraient à nouveau celles prévues pour les prix (+2,6 % en moyenne contre +1,2 %). De fait, 48 % anticipent une croissance des salaires supérieure à celle de leurs prix de vente en 2024, 30 % une croissance similaire et 21 % une croissance inférieure.

Impact des hausses du Smic

49 % sont concernées par les effets des revalorisations successives du SMIC. 15 % ont entrepris des mesures de revalorisation immédiate, 34 % ont constaté un tassement des grilles salariales en 2023 (dont 15 % pour une majorité de collaborateurs), alors que 51 % se déclarent non concernées (en quasi-totalité car les salaires de leurs collaborateurs sont bien supérieurs au SMIC).

Au sein des 34 % ayant observé un tassement des grilles salariales, 22 % envisagent des revalorisations salariales dès 2024 permettant un rattrapage total (13 %) ou partiel (9 %). En outre, environ un tiers des dirigeants envisagent des augmentations individuelles au cas par cas. Les 42 % autres n’envisagent aucune mesure de rattrapage spécifique.

Parmi les 49 % concernées par les hausses du Smic, 35 % ont restreint les augmentations salariales aux alentours du SMIC, principalement pour des raisons de manque de marges financières et de hausse du coût du travail en lien avec la perte d’allègements de cotisations patronales ; 18 % ont déjà été confrontés à un refus de promotion, de formation ou de nouvelles responsabilités par un collaborateur dont le salaire est proche du SMIC. Au total, 34 % ont déjà été confrontés à des situations de « trappes à bas salaires » ; 54 % déclarent qu’elles représentent un frein à la croissance de leur entreprise (soit 17 % de l’échantillon).

♦Interrogés sur les raisons d’un refus par un collaborateur proche du SMIC d’une promotion, d’une formation ou de nouvelles responsabilités, 62 % des dirigeants identifient comme raison principale la perte d’aides publiques et/ou la hausse d’imposition, mais aussi le refus de prendre des responsabilités (33 %), une hausse de rémunération jugée insuffisante par le collaborateur (28 %) et ses préférences en matière de conciliation entre vie professionnelle et vie privée (24 %).

♦ Dans ce contexte, 42 % anticipent une réduction de leur marge nette cette année (29 % une légère baisse et 13 % une franche baisse). 17 % des entreprises prévoient à l’inverse une amélioration de leur marge, et 41 % une stabilisation. Pour rappel, en septembre 2023, 41 % anticipaient une dégradation de leur marge nette en 2023 par rapport à l’année 2022 et 19 % une amélioration.

Les perspectives d’évolution de la marge nette en 2024 sont mieux orientées chez les PME prévoyant d’augmenter leurs prix de vente que chez celles prévoyant de maintenir leurs prix de vente inchangés voire à la baisse. Celles qui rencontrent des difficultés d’approvisionnement significatives sont plus nombreuses à anticiper une baisse de leur marge nette que celles qui n’en rencontrent pas (58 % contre 36).

Pour en savoir davantage : "Trésorerie, investissement et croissance des PME / TPE Baromètre trimestriel", Bpifrance, février 2024

Méthodologie : Interrogation par voie numérique de 3 312 dirigeants de PME/TPE du 5 au 14 février 2024. L’analyse en première partie porte sur les 1016 premières réponses jugées complètes et fiables reçues. L’analyse en seconde partie porte sur 1006 PME/TPE, dont les réponses ont été redressées par taille d’effectif et secteur d’activité.
Champ : PME/TPE des secteurs marchands non agricoles, de 1 à moins de 250 salariés.

 
André Letowski est expert en entrepreneuriat, en petites et très petites entreprises. Il publie une note mensuelle regroupant une sélection brute ou retravaillée et commentée des corpus statistiques français, des enquêtes et publications concernant le domaine des TPE, PE et PME.




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