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André Letowski
Emploi 
20 mar 2023

L’écart entre les salaires des femmes et des hommes varient de 24 à 4 %

Ces différences viennent selon que l’on observe la globalité des salaires ou selon que l’on s’en tient à considérer un poste égal chez le même employeur, en EQTP.

Observons les écarts globaux de salaire

En 2021, le revenu salarial moyen des femmes est inférieur de 24 % à celui des hommes dans le secteur privé (18 630€ annuels contre 24 640€). Cet écart s’explique notamment parce que les femmes sont à la fois moins souvent en emploi au cours de l’année et davantage à temps partiel. En moyenne, le volume de travail des femmes est inférieur de 10,6 % à celui des hommes en 2021.

A temps de travail identique, le salaire moyen des femmes est inférieur de 15 % à celui des hommes.

Les différences de salaires s’expliquent surtout par la répartition genrée des professions : les femmes n’occupent pas le même type d’emploi et ne travaillent pas dans les mêmes secteurs que les hommes et accèdent moins aux postes les plus rémunérateurs.

À poste comparable, c’est-à-dire à même profession exercée pour le même employeur, l’écart de salaire en équivalent temps plein se réduit à 4 % environ.

Au cours des 25 dernières années, l’écart de salaire à temps de travail égal s’est réduit ?

En 1995, les femmes percevaient un salaire net en EQTP inférieur de 22,1 % à celui des hommes. En 2021, cet écart s’est réduit de 6,6 points. L’évolution de la composition des emplois explique en partie cette diminution : la part des femmes parmi les cadres, en moyenne mieux rémunérés que les autres salariés, a par exemple constamment augmenté sur la période, passant de 23 % en 1995 à 37 % en 2021.

Sur la même période, l’écart de volume de travail moyen s’est aussi réduit, passant de 14,9 % en 1995 à 10,6 % en 2021.

Les éléments explicatifs de ces écarts

♦ Les inégalités de salaire entre femmes et hommes augmentent avec l’âge. En excluant les rémunérations que les salariés du privé multi-actifs tirent de leurs activités secondaires, la différence de salaire net en EQTP entre les femmes et les hommes est de 14,8 % en 2021.

Pour les salariés de moins de 25 ans, l’écart est de 4,6 %. Il croît ensuite avec l’âge pour atteindre 27,5 % parmi les 60 ans ou plus. À l’inverse, les différences de temps de travail sont particulièrement fortes pour les moins de 25 ans (elles dépassent 20 %). Cela s’explique notamment par une insertion un peu plus tardive sur le marché du travail des femmes, en moyenne plus diplômées que les hommes. Puis l’écart se réduit : entre 25 et 59 ans, la différence de temps de travail est stable autour de 10 %.



♦ Selon les CSP : parmi les ouvriers, les femmes cumulent des écarts marqués, tant pour le salaire net moyen en EQTP (inférieur de 14,3 % à celui des hommes) que pour le volume de travail moyen (plus faible de 23,3 %). Les écarts sont les plus réduits pour les employés pour les deux dimensions : volumes de travail moyen proches et différence de salaire en EQTP de 4,7 %. Au sein des autres catégories socioprofessionnelles, les écarts de salaires en EQTP sont plus marqués parmi les cadres (16,1 %) que parmi les professions intermédiaires (12,2 %), alors que c’est l’inverse pour les écarts de volumes de travail (4,7 % contre 10,9 %).

♦ Les inégalités de salaires entre les femmes et les hommes croissent avec la taille des entreprises. L’écart de salaire en EQTP s’échelonne de 8,6 % en moyenne dans les entreprises de moins de 10 salariés à 18,4 % dans celles comptant 5 000 salariés ou plus.

L’ampleur des inégalités salariales entre femmes et hommes varie également selon le secteur d’activité. L’écart de salaire moyen en EQTP est le plus élevé (de 24,8 % en 2021) dans les services “mixtes” (information-communication, services financiers et immobiliers), activités les plus rémunératrices. À l’inverse, dans la construction, les salaires moyens des femmes sont légèrement supérieurs à ceux des hommes (de 1 %) car les femmes y sont quasi absentes hormis parmi les cadres, mieux rémunérés en moyenne que les autres salariés.



Parmi les 20 professions les plus courantes pour chacun des genres qui représentent 39 % de l’emploi des femmes (secrétaires, employées de libre-service du commerce, nettoyeuses, etc.) et 30 % de celui des hommes (conducteurs routiers, ingénieurs en informatique, conducteurs livreurs, etc.), seules 4 professions leur sont communes. Les femmes sont particulièrement sous-représentées dans certains secteurs d’activité, comme la construction ou les transports.
La ségrégation professionnelle est aussi le reflet d’inégalités hiérarchiques. Deux professions de cadre sont parmi les dix professions les plus fréquentes pour les hommes contre toujours aucune parmi les 10 professions les plus exercées par les femmes.

♦ Les femmes plus présentes dans les bas salaires

En 2021, les femmes représentent 41,5 % des emplois dans le secteur privé (en EQTP). Leur part est toutefois nettement plus élevée parmi les salariés à bas salaires (jusqu’à 55 % pour des niveaux de salaire autour de 1 300 euros nets mensuels), puis diminue ensuite à mesure que l’on s’élève dans la distribution des salaires : les femmes ne forment plus qu’un tiers des effectifs percevant un salaire au niveau du 9e décile (4 010 euros). Au-dessus du 99e centile (9 602 euros), c’est-à-dire parmi les 1 % de salariés les mieux rémunérés, leur part n’est plus que de 21,9 %.
En excluant du calcul les 1 % de salariés les mieux rémunérés du secteur privé en 2021, cet écart se réduit de 14,8 % à 10,6 %.

♦ Le fait d’avoir des enfants
Les mères ont des temps de travail, mais aussi des salaires en équivalent temps plein, nettement inférieurs aux pères ; les écarts croissent avec le nombre d’enfants. Elles le sont davantage parmi les parents d’enfants de moins de 3 ans (écart de 34 % et de 23 % en temps de travail, vs celles ayant des enfants de 16 ans et plus, 34 et 9 %) et ceux ayant trois enfants ou plus (écart de 45 % et en temps de travail de 20 %, vs 16 et 9,5 % pour celles n’ayant pas d’enfant).

Pour en savoir davantage : Dans le secteur privé, l’écart de salaire entre femmes et hommes est d’environ 4 % à temps de travail et à postes comparables en 2021 – Insee Focus – 292

 
André Letowski est expert en entrepreneuriat, en petites et très petites entreprises. Il publie une note mensuelle regroupant une sélection brute ou retravaillée et commentée des corpus statistiques français, des enquêtes et publications concernant le domaine des TPE, PE et PME.




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